ROME

Journal de voyage

 

Jeudi 3 août 2006

Une semaine dans la ville éternelle, voilà l’idée. Les très vieilles pierres, des siècles d’Histoire, le Vatican, les gelatti, les Vespas, les clichés, Rome quoi !
Le voyage commence mal à cause de la société de navettes qui quarante cinq minutes après l’heure prévue n’avait toujours pas daigné envoyer de véhicules… Heureusement à Paris les taxis sont légions. L’avion a décollé avec une heure de retard mais rejoindre Rome et la gare Termini depuis l’aéroport Fiumicino est facile et peu cher par le train.

Nous sommes descendus à l’hôtel Des Artistes, près de la gare, un hôtel correct dont la réception est au cinquième étage et qui fait dix euros de réduction par nuit si on paie cash.

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Le Colisée

Notre chambre est convenable et une bonne douche après le voyage est un vrai grand plaisir. C’est déjà le soir et nous choisissons de dîner dans une trattoria (Pasqualino) conseillée par notre guide (Lonely Planet) et qui se trouve près du Colisée. Sortant du métro, je découvre pour la première fois le Colisée, somptueux et antique. Nous irons plus tard le voir de plus près. Après quelques détours, nous trouvons la trattoria. Elle en valait la peine.

 

Vendredi 4 août 2006

Le métro à Rome, c’est pas très compliqué : il n’y a que deux lignes, la A et la B. L’une traverse la ville du nord eu sud et l’autre d’est en ouest, ou l’inverse. L’une est sombre avec des rames taguées, il y fait chaud et elle n’offre que très peu de confort. L’autre ligne (la A), est propre, gardée par la police, avec des rames sans tags, l’air conditionné, des écrans lcd et une voix qui indique la prochaine station et de quel côté se fera la sortie. C’est cette ligne qui conduit au Vatican et c’est celle que nous prenons ce matin.

Pour bien arriver place Saint Pierre depuis la sortie du métro, il suffit de suivre les fidèles qui d’une démarche décidée s’y rendent. Pour nous ce matin, les fidèles sont des allemands brandissant le drapeau national.

La place Saint Pierre s’aborde par des colonnes cachant des centaines de personnes faisant la queue pour entrer dans la basilique. Nous nous joignons à la file d’attente qui finalement ne durera qu’une vingtaine de minutes. À l’intérieur quelques chefs-d’œuvre dont la Pietà de Michel-Ange, protégée par une vitre.

Pour déjeuner, le choix est restreint et peu appétissant, nous choisissons un self-service, cher et médiocre.

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Au Vatican

L’après-midi, nous le passons au musée du Vatican dont l’immensité et la richesse justifieraient plusieurs jours de visite. Les œuvres du Caravage, Titien, da Vinci, Raphaël, se succèdent et dans la partie consacrée à l’art contemporain, des Dali et autre Francis Bacon. Le tout est conçu pour finir la visite par la chapelle Sixtine, où l’on se marche presque dessus, la tête en l’air pour admirer les fresques de Michel-Ange dont l’illustrissime scène présentant Dieu touchant du doigt Adam, sa création humaine.

Pour se reposer de ces nombreuses heures de marche, le soir nous nous rendons jusqu’à la place d’Espagne et ses célèbres escaliers pour y déguster une pizza. Pour rentrer nous retournons au métro mais il est fermé. Marchant jusqu’à la station suivante, nous trouvons également le métro fermé. Nous apprendrons plus tard que cette ligne (celle du Vatican) ferme tous les jours à vingt et une heure pour travaux et jusqu’en 2008. Fatigués, nous prenons un taxi pour rentrer, c’est un bon moyen de voir la ville. Dès demain nous nous intéresserons de plus près aux bus.

 

Samedi 5 août 2006

Si tous les chemins mènent à Rome, tous les bus (ou presque) partent de la gare Termini. Mais nous nous décidons malgré tout pour cette bonne vieille marche à pieds. Première étape, la basilique Santa Maria Maggiore où l’on célèbre tous les cinq août un fameux miracle : en 352, le pape Libère Ier vit en songe la Vierge qui lui demanda de faire construire une église à l’endroit exact où il trouverait de la neige et que croyez-vous qu’il se produisit le lendemain matin ? Il neigea pardi et le pape fit construire l’église. Depuis, chaque cinq août, on jette des milliers de pétales de roses blanches pendant l’office.

Quelques escaliers plus tard, nous entrons à la basilique San Pietro in Vincoli où se trouve la tombe de Jules II (un pape), œuvre inachevée de Michel-Ange dont l’ornement principal est une statue de Moïse flanqué d’une paire de cornes, ceci à cause d’une erreur de traduction s’un texte qui parlait de rais de lumière et non pas de cornes…

Dans cette ville chaque église possède son œuvre de grand maître. Nous poursuivons jusqu’au Colisée, imposant et majestueux, voulu par Vespasien et inauguré en l’an 80, il domine de toute sa force les sites antiques de la ville éternelle. Après une demi-heure de queue nous entrons dans ce qui fut, il y a presque deux mille ans, un lieu de spectacle. Les hommes vêtus comme des légionnaires à l’entrée de Colisée et qui proposent une photo contre quelques sesterces d’aujourd’hui ne ressemblent pas à Russel Crowe.

Après le Colisée, nous passons l’après-midi au Mont Palatin où l’on peut se promener plus tranquillement, c’est à dire avec moins de touristes, parmi les restes de la ville antique : la maison de Romulus, le fondateur de Rome, celle d’Auguste et autres murs et sols, stade et marbres, desquels plus de deux mille ans d’Histoire nous contemplent et nous accueillent. La proximité des sites permet de tout faire à pied, même si à la fin de la journée, les jambes sont lourdes.

Comme récompense de tant d’efforts, nous nous offrons un dîner au ristorante Bistro, situé près de notre hôtel. Leur escalope au citron est un délice.

 

Dimanche 6 août 2006

Nous prenons le bus à Termini pour la Piazza Navona. La place est presque vide et nous en profitons pour bien l’apprécier. Elle est bordée de deux fontaines de taille correcte mais bien moins imposantes que la fontaine centrale, œuvre du Bernin. Quittant la Piazza Navona pour le Panthéon, nous passons devant le Sénat et quelques Palazzi vieux de quatre ou cinq siècles.

Au détour d’une toute petite rue se dresse la Panthéon, construction impressionnante datant de l’an 120 à l’intérieur duquel se trouvent les tombeaux de deux rois d’Italie et du peintre Raphaël. Je note que les tombeaux des rois sont surveillés par des gardes alors que celui de Raphaël ne semble pas mériter pas tant d’attention de la part des autorités.

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Piazza Navona

Retrouvant la via del Corso à quelques mètres de là, nous poussons jusqu’au monument gigantesque de marbre blanc dédié à Victor Emmanuele II, père de la patrie et premier roi de l’Italie réunifiée par Garibaldi, en 1861. Le bâtiment propose une série de documents, livres, tableaux, dessins, films, retraçant l’histoire de l’Italie moderne. Nous nous asseyons dans une petite salle diffusant un film d’actualité sur Mussolini, les images d’archive ne sont accompagnées d’aucune présentation et l’on pourrait croire qu’il s’agit là d’une célébration d’un passé pourtant peu glorieux, d’autant plus que la veille nous avions vu chez un marchand de coin de rue un tee-shirt arborant fièrement le visage du Duce faisant le salut romain, on pouvait l’acheter pour quelques euros… La vue sur Rome depuis le haut du monument mérite l’effort que représente la montée des marches.

Nous nous rendons ensuite au Capitole dont la place, bien que belle n’est pas l’endroit magnifique promis par notre guide. Nous décidons ensuite de rallier à pied, via el Corso, la fontaine de Trevi, rendue célèbre par Federico Fellini et son film La Dolce Vita. La fontaine est énorme et la place toute petite et noire de monde, tant qu’il est difficile d’approcher du bord. Après Trevi, retour Piazza Navona pour déguster un tartuffo, spécialité de la maison Tre Scalini depuis 1931. Le voyage à Rome aurait pu uniquement se justifier par ça !

Le soir, pour changer un peu, nous dînons dans un restaurant argentin, Baires.

 

Lundi 7 août 2006

Encore un bus, celui-là nous dépose Piazza Barberini, à l’angle des vias Sistina et Veneto. La via Veneto est célèbre pour avoir été la rue des rendez-vous des stars du cinéma italien des années soixante comme Marcello Mastroianni. Aujourd’hui, via Veneto n’a rien de particulier à offrir sinon (pour les amateurs) un garage Lamborghini et une petite église dont la crypte est presque entièrement décorée d’os humains : étonnant. Bien qu’il soit plusieurs fois écrit en différentes langues et même à l’aide de dessins, qu’il est interdit de filmer ou de photographier, certain(e)s n’hésitent pas à braver l’interdit ? J’ai vu la même chose à la chapelle Sixtine… Ah les touristes

Nous rejoignons la place d’Espagne et ses célèbres escaliers par la via Sistina. Après un arrêt en plein soleil sur les marches, nous déjeunons dans une trattoria sans savoir exactement ce que nous avons commandé, nous ne regretterons pas ce (petit) risque.

Après un tour dans les rues du quartier de la place d’Espagne où les boutiques de luxe se suivent et se ressemblent, nous marchons jusqu’à la Piazza del Popolo, gigantesque place presque vide de laquelle on peut admirer deux églises jumelles. Le soleil nous écrase d’une chaleur qu’il est agréable de chasser à grands coups d’eau fraîche que les nombreuses fontaines parsemant Rome nous offrent gracieusement.

Le soir, nous descendons dans le Trastevere, quartier pittoresque de petites rues tournantes et étroites où fleurissent restaurants et bars et plus tard, à la nuit tombée, vendeurs de bijoux et autres maroquineries plus ou moins de qualité.

 

Mardi 8 août 2006

Pour aller à Ostia, il suffit de prendre un train à la station de métro Pyramide. La cité antique d’Ostia présente un très large choix de ruines : maisons, magasins, lieux de culte, termes, théâtre, le tout dans un état qui permet d’avoir une idée assez précise de la vie à cette époque. Très intéressant, d’autant plus qu’il n’y a pas foule et que l’on peut donc se promener tranquillement parmi les restes de la ville.

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Ostia Antica

Tout voir est là encore quasiment impossible, même en y passant toute la journée et en couvrant des nombreux kilomètres.

L’après-midi, nous reprenons le train pour Ostia (la ville cette fois) puis un bus pour aller à la plage. Nous y louons deux chaises longues et un parasol.

C’est sur cette plage qu’en 1975 Pier Paolo Pasolini fut assassiné, officiellement par un jeune homme de 17 ans mais selon d’autres versions il s’agirait d’un crime politique. Quoi qu’il en soit, pas de crime en vue pour nous mais l’agréable moment d’être au bord de l’eau, après autant de jours marche, sans rien faire d’autre que regarder les vagues s’échouer à nos pieds.

Le soir, retour au Trastevere dont l’ambiance animée en fait un des lieux de rendez-vous des touristes et de la jeunesse romaine.

 

Mercredi 9 août 2006

Pour cette dernière entière journée dans la ville éternelle, nous nous contentons d’une tour dans des rues commerçantes. D’abord près du Vatican, via Cola di Rienzo où se côtoient les vendeurs de coin de rue de chaussures et de sacs et les boutiques plus installées. Ensuite sur la via del Corso qui dans le Centro Storico relie la Piazza Venezia (où se trouve le monument Victor Emmanuele II) à la place du Peuple. Faire un peu de shopping en mangeant une bonne gelatto fait aussi partie des vacances.

Pour le dîner, retour au restaurant Bistró. L’escalope au citron est toujours aussi délicieuse.

 

Jeudi 10 août 2006

Retour en France. Les dernières heures romaines Nous permirent de mieux connaître la gare et… sa gastronomie de gare… et l’aéroport et… son ambiance d’aéroport…

A Paris l’été est déjà parti, le ciel n’offre plus que des nuages et de la pluie, mais il faut savoir rentrer à la maison.

Que retiendrai-je de Rome ? La ville elle-même, si chargée d’Histoire que même en voulant y échapper, on n’y parviendrait pas. Les Romains ? Ils ne m’ont pas paru fous du tout mais tranquilles et aimables, des commerçants agréables, des automobilistes compréhensifs, des habitants plutôt accueillants avec les touristes. À aucun moment je n’ai ressenti d’agressivité ou de danger. Finalement, les plus agaçants, par leur manque de respect et de courtoisie, furent certains touristes, se comportant comme de mauvais propriétaires.

J’ai aimé Rome et sa douceur de vivre. Oui, c’est exactement ça, sa douceur de vivre. Fellini avait raison.